C'est à partir d'une riche collection de dominotés contenue dans les livres de la bibliothèque municipale de la ville de Grasse que l'œuvre 'Carmen Mundi' s'est construite. Une bibliothèque est une maison qui à la fois expose à la vue du visiteur ses ouvrages, cache certains trésors et qui, dans son 'enfer', dissimule les secrets. Arborescence de la pensée, elle est le lieu sanctifié de la mémoire, celui de la culture, du savoir, de l’esprit, du fantastique... Le lecteur est invité à s'égarer au travers de son parcours labyrinthique, puis se doit d'emprunter le chemin qui mène au jardin. C'est là qu' il trouvera une place façonnée à la mesure de son corps et de sa lecture.
Le jardin est à mon sens un espace tout en surabondance, en profusion, gorgé d’eau, de verdure et de monuments semblables à des ruines. Les perspectives y sont délibérément modifiées pour provoquer le vertige. L’œil s’y égare à mesure qu’il parcourt l’œuvre et l’espace qui s’y dessine. Il est un espace clos, ouvrant cependant la perspective d’un paysage lointain. Ce paysage, qui tient à la fois de la forêt et de la jungle, n’a aucune existence réelle ; il est le fruit d’un montage combinant les attributs de jardin : arbres, plantes, rivières, cascades, grottes, étangs, fleurs, insectes... La conception du jardin est une représentation du monde - il oscille entre un modèle d'organisation et un foisonnement allant jusqu'au chaos.
C'est en ce sens que l'œuvre de l'artiste a été construite. Avec méthode, elle décline la figure du carré, symbolique du dominoté, pour édifier de fragment en fragment une fresque. Des prélèvements issus de livres de la bibliothèque côtoient des images mythiques. La représentation du pays de Grasse y est aussi présente par des prises de vue de jardins réalisées par l'artiste lors de ses résidences.
Lien vers la grille de lecture des différents dominotés en PDF