Catherine Poncin

'[...] Elle parcourt les livres anciens, en lit des passages, découvre les collections de sciences naturelles, de Beaux-Arts. On lui sort des réserves des estampes, des cartes, des plans, et encore des livres précieux, précieusement conservés. D’entrée de jeux son abord des collections n’est pas celui du visiteur de musée ou du scientifique qui vient les étudier. Elle les aborde de traverse, s’intéresse à des fragments. Ainsi par exemple, lorsqu’un livre se manifeste à elle, par sa reliure, son allure ou toute autre caractéristique qui l’interpelle, Catherine Poncin focalise son attention sur quelques lignes, un détail : un fragment. Elle n’a pas besoin de connaître l’histoire pour que son imagination se mette en branle. Mon imaginaire prend source dans le peu, dans le pauvre, dans ce que je connais le moins, dit-elle. 
Elle crée ainsi des fictions qui résonnent avec son vécu personnel et/ou notre vécu collectif. Son regard révèle tantôt un aspect tendre de l’existence, parfois teinté d’humour, tantôt tragique ou contestable. C’est particulièrement le cas de l’installation dans la Grande Bibliothèque « Digression V, ou lorsque l’abîme découvre entre les pages, l’image ». Le principe de cette œuvre est de faire se côtoyer des fragments de textes littéraires et des fragments d’illustrations (gravures, lithographies) contenus dans les livres de la Grande Bibliothèque. Ceux-ci, d’époque, de culture ou de langues différentes, parfois diamétralement opposées, ne devaient pas entrer en conversation. L’imaginaire de Catherine Poncin a créé ces rencontres improbables qui se révèlent pourtant pertinentes, d’un point de vue réflexif ou poétique. La rencontre fructueuse entre Catherine Poncin et les collections du Musée Canel témoigne de la nécessité et de l’évidence d’inviter la création contemporaine à explorer des collections patrimoniales.'
Mathilde Legendre - Extraits du catalogue de l'exposition - 2011

Digression IV ou comment bercer de chants les prémices d'un envol.

Montage Sarah Zaanoun - Composition musicale Jean-Louis Dhermy.
Installation dans le cabinet de curiosités du Musée Afred-Canel d'un écran plasma encadré à la façon d'un tableau, présentant en boucle la vidéo.

...Car si, à la genèse du projet, Catherine Poncin imagine une fiction légère, l’envol des insectes de leurs boîtes de conservation, le résultat est plus ambigu. Selon la sensibilité du spectateur, les insectes apparaîtront tantôt magnifiés, admirables, tantôt inquiétants, effrayants, suspendus sur leurs aiguilles de maintien. Catherine Poncin amène au plus près le visiteur de cet univers méconnu de l’entomologie. L’objet de son œuvre - rendre vivantes des collections de spécimens d’insectes naturalisées – peut, par ailleurs, être perçu comme une métaphore soulevant une question fondamentale pour les musées : quel est l’intérêt de présenter des objets sortis de leur contexte, de leur lieu naturel. La découverte de tout un chacun d’un milieu qui lui est étranger est sans doute un début de réponse…
Mathilde Legendre - Conservatrice du Musée Alfred-Canel.