Ah ! Que j’ai été jeune un jour, 1995

Ah ! Que j’ai été jeune un jour !

Vidéo amateur captant la performance de l'artiste Catherine Poncin à la galerie Claude Samuel, Paris - 2 min. 59 sec - 2002.

Sources

Image anonyme représentant une jeune fille parée d'une robe de communiante + photographies de la ville de Saint-Lô située en Normandie, détruite à 90% lors de la Seconde Guerre mondiale + fragments sonores de la bande-son du film de Marguerite Duras, Alain Resnais, Hiroshima mon amour, 1959.

Index

Alors que l'artiste adhère au collectif Photolangage, initié en 1990 par Christian Gattinoni, artiste, théoricien, commissaire, travaillant sur la mémoire et l'archive, elle conçoit Ah! que j'ai été jeune un jour, oeuvre protéiforme qui s'intègre dans l'exposition collective D'une source oubliée,1996.

Une série de dix photographies Ektachrome est réalisée à partir de la photographie anonyme d'une jeune communiante, fragmentée + vingt-six photographies Ektachrome réalisées d'après des images d'archives de la ville de Saint-Lô en Normandie, revisitées. 
Installation composée de la photographie anonyme encadrée sur fond de miroir 20 cm X 22 cm + un prie-dieu muni d'une tablette supportant 36 Ektachromes + une visionneuse de diapositives + une ampoule suspendue depuis le plafond.
Performance Un diaporama est projeté sur un mur que longe l'artiste tout en récitant son texte; des fragments vocaux et musicaux viennent ponctuer l'ensemble. Durée 4 minutes.
Vidéo amateur réalisée lors de la performance 'Ah! que j'ai été jeune un jour ' à la Galerie Claude Samuel, Paris - 2mn 59s
Boîte Catalogue D'une source oubliée éditée par le Musée de l'Histoire vivante de Montreuil + Catalogue deuxième Mois de la Photographie à Paris
Texte - Presse D'une source oubliée, Christian Gattinoni + D'une source oubliée, Chapelle du Généteil, Christian Gattinoni + Carton
Presse Journal des arts + Presse Généteil

  • Photographie anonyme

  • Fragment de la photographie anonyme Ektachrome

  • Fragment de la photographie anonyme Ektachrome.

  • Fragment de la photographie anonyme Ektachrome.

Présentation

La mémoire et l'archive photographique fondent depuis quelques années le concept que Catherine Poncin ne cesse de revendiquer à travers ses travaux photograhiques. Sur l'invitation de Christian Gattinoni, elle se joint au collectif d'artistes qu'il crée en 1990  : 'Photolangage'. Les membres, tous photographes, sont unis par un travail de mémoire que chacun décline à sa façon. Echanges, réflexions, expositions, animent ce groupe dynamique et uni. 


Sur le marché aux puces de Montreuil, l'artiste trouve par hasard, le même jour, la photographie banale d'une jeune fille parée d'une robe de communiante, mélée à une dizaine de photographies de la ville de Saint-Lô située en Normandie, détruite à 90% lors de la Seconde Guerre mondiale. Elle crée de nouvelles images à partir de ces photographies qu'elle convertit en Ektachrome.  

C.P. crée un lien entre l'innocence de la jeune fille et la violence de la destruction qu'entraîne la guerre au travers de la perte de repères affectifs, géographiques et temporels. Par ailleurs, elle pointe, au travers de cette série, un parallèle entre l'expression passionnelle du sentiment amoureux et la souffrance de son souvenir. Elle associe lors de sa performance son texte, sa voix, un fragment audio du film de Margerite Duras, précisemment lorsque l'actrice principale évoque, auprès de son amant, la ville de Nevers, l'après-guerre, la tonte des femmes... Le son et les images se projettent en diaporama sur le corps en mouvement de C.P.

Performance - Galerie Claude Samuel - 1996

Installation - Performance

Les installations au Musée de l'Histoire vivante de Montreuil, à la chapelle du Genêteil de Château-Gontier sont composées d'une petite photographie représentant une jeune fille revêtue d'une robe de communiante, encadrée sur fond de miroir 20 cm X 22 cm et d'un prie-Dieu supportant une tablette sur laquelle sont posées 36 diapositives Ektachromes réalisées par l'artiste et une visionneuse. Une ampoule à hauteur des yeux des visiteurs permet d'éclairer les vues à travers la visionneuse. 
La performance reprenant les éléments de l'installation est réalisée dans le cadre d'une invitation de Christian Gattinoni lors de l'exposition Petits Etats du désir qui lui est consacrée à la Galerie Claude Samuel à Paris en janvier 1996.
Les diapositives sont projetées sur un mur devant lequel l'artiste décline quelques pas de valse à trois temps, déclame un texte poétique, alors que des extraits vocaux et musicaux du film Hiroshima mon amour * viennent ponctuer l'ensemble de cette performance. 

*film de Marguerite Duras, Alain Resnais, Hiroshima mon amour, 1959

  • Installation au Musée de L'Histoire vivante de Montreuil.

  • Installation au Musée de L'Histoire vivante de Montreuil.

  • Deux Ectachromes - ruines de la ville de St Lô + robe de la communiante superposée aux ruines.

D'une source oubliée,

Texte de Christian Gattinoni, artiste, commissaire, critique d'art, pour l'exposition collective D'une source oubliée, présentée au Musée de l'Histoire vivante de Montreuil, 1996

Au début de Distant voices, still lives (Terence Davies, 1988), la mère appelle les enfants mais cela ne provoque pas d’images, on entend juste des voix anciennes, des voix d’enfance façon comptines : il y a un homme qui rôde autour de la maison, il note les noms, il a noté celui de mon père, oh la mort est cet homme qui note les noms !
Comment donc tenir à distance cette voix resurgie de l’image, un instant apparue dans son singulier anonymat ?
La photographie ici anticipe sur les pouvoirs du virtuel, est-il plus incroyable de se donner famille dans le rapt argentique d’un album détourné que de croire le cercle familial quand il nous affirme que nous avons été bébé sur l’image, mémorial de notre petite enfance dont nous n’avons aucun souvenir.
Sortis de l’album personnel, ces ex-votos perdent leur pouvoir de transfert pour laisser plus de place au doute, à la fiction, au rapt de mémoire. Toute image anonyme porte cette charge affective, l’attrait de sa déshérence, son pouvoir de résistance à la mort.
Paradoxalement, réintroduire cette image dans un projet artistique lui redonne un espace et un temps, réactive son pouvoir figural, mais entraîne, dans le marquage du nom de l’artiste, la perte de cette figure vers un destin de nouveau mortel.
Plus qu’anonyme, la photographie serait sans nom, ce qui laisse champ libre à l’appropriation. Vers l’intérieur de l’image, l’artiste pourra fouiller de façon optique ou plastique l’inconscient de l’image pour y chercher une autre instance de nomination.

Boîte de cartes postales 
Catalogue de l'exposition, édité par le Musée de l'Histoire vivante de Montreuil

Expositions

1996 Musée de l'Histoire vivante, Montreuil, France + Chapelle du Genêteil, Château-Gontier, France + Galerie Claude Samuel, Paris